Hémorroïdes, des causes aux traitements : mieux les comprendre pour ne plus les subir
Les hémorroïdes sont associées à un trouble de l’appareil digestif et dont la localisation, la région anale, en fait souvent un sujet tabou. Résultat de la dilatation de petites veines situées au niveau du rectum inférieur, ce que l’on nomme classiquement les hémorroïdes, externes ou internes, n’est généralement pas douloureux et se traite localement. Lors de formes plus sévères où ce traitement n’est pas suffisant, une intervention chirurgicale peut être envisagée.
Définition des hémorroïdes : de quoi s’agit-il?
Les hémorroïdes sont en réalité des formations vasculaires situées au niveau des plis radiés de l'anus (plexus hémorroïdaire externe) et à l’intérieur du canal anal, sur le bord supérieur du sphincter (plexus hémorroïdaire interne) présentes chez tous les individus depuis l’enfance. Petites veines disposées en grappes juste à la sortie du rectum, dans la partie haute du canal rectal, elles ne présentent aucune manifestation à l’état normal. C’est lorsque ces veines subissent une dilatation qu’elles deviennent douloureuses et que l’on a affaire à une crise hémorroïdaire. On distingue ainsi les hémorroïdes externes des hémorroïdes internes selon qu’elles touchent le plexus hémorroïdaire externe ou le plexus hémorroïdaire interne.
- Les hémorroïdes externes
Visibles à l’œil nu, mais uniquement lors de complications, les hémorroïdes externes sont le siège de la dilatation des petites veines de la peau entourant l’anus. Matérialisées par de petits bourrelets brunâtres jaillissant de l’anus, les hémorroïdes externes peuvent provoquer douleurs et démangeaisons, a fortiori en présence d’un caillot de sang. Les efforts répétés à la selle peuvent les fissurer et les faire saigner. - Les hémorroïdes internes
Situées à l’intérieur du rectum, elles sont généralement moins douloureuses que les hémorroïdes externes, mais peuvent provoquer des saignements et parfois se dilater au point d’aboutir à un prolapsus hémorroïdaire, c’est-à-dire sortir par l’anus. Ces hémorroïdes dites prolabées remontent normalement d’elles-mêmes dans le rectum, mais elles peuvent nécessiter d'être repoussées manuellement.
Symptômes des hémorroïdes
Souvent asymptomatiques, les hémorroïdes se manifestent généralement par trois types de complications en fonction de la localisation de l'atteinte, externe ou interne.
- Saignement
S’agissant d’un réseau artériel et veineux superficiel, les hémorroïdes mènent souvent à un saignement. Une hémorroïde qui saigne est souvent marquée par du sang très rouge, car artériel, produit en fin de selle. Il peut alors être minime et n’apparaître que sur le papier lors de l’essuyage, ou beaucoup plus abondant et colorer la cuvette, voire couler en gouttes. Indolore, ce saignement disparaît généralement en 1 à 2 semaines. Il convient toutefois de le surveiller car, trop fréquent et abondant, il peut mener à une anémie. En outre, le saignement peut provenir d’une autre cause (polype ou tumeur), il est donc recommandé de consulter son médecin, surtout à partir de 40 ans. - Prolapsus
Le prolapsus hémorroïdaire est également une manifestation fréquente. Celui-ci peut entraîner une sensation de boule ou de gonflement au niveau de l’anus, provoqués par le glissement de paquets lors de la selle et perçus au niveau de la marge anale. Selon le grade d’affection, le prolapsus peut se résorber spontanément, nécessiter d’être guidé au doigt vers l'intérieur du rectum ou rester en permanence hors de l’anus. - Thrombose
Les hémorroïdes sans complication sont indolores. Une forte douleur peut néanmoins survenir, laquelle caractérise une thrombose hémorroïdaire, qui correspond à la formation d’un caillot sanguin au sein des hémorroïdes.
- La thrombose hémorroïdaire externe se traduit par une tuméfaction douloureuse d’apparition brutale à l’orée de l’anus. Plus ou moins volumineuse, cette affection anormale ne dure généralement pas plus de 7 à 10 jours.
- La thrombose ou crise hémorroïdaire interne provoque quant à elle une sensation de brûlure dans le canal anal et ne doit pas perdurer au-delà de quelques jours.
La thrombose est à traiter comme une urgence. Le patient peut alors se voir proposer plusieurs sortes de traitement pour soulager ce type d’hémorroïdes :
- Un traitement médical à base d’anti-inflammatoires associés à des suppositoires et à l’application locale d’une pommade hémorroïde.
- Un traitement chirurgical en cabinet, quand la thrombose n’est pas trop excessive, avec une excision sous anesthésie locale, ou en clinique pour les cas plus sévères.
- Démangeaison anale
Le prurit anal est rarement une manifestation des hémorroïdes. Il peut cependant se manifester dans le cas d’un prolapsus permanent, à l’origine d’un suintement favorisant la macération sur la zone anale.
Causes et facteurs favorisant les hémorroïdes
On ne connaît pas la cause exacte des hémorroïdes, si ce n’est qu’elles sont dues à une augmentation de la pression des veines anales et rectales. Si chacun peut ainsi se trouver un jour confronté aux symptômes liés aux hémorroïdes, quelques facteurs ont été identifiés comme pouvant favoriser ou aggraver la symptomatologie.
- La constipation et la diarrhée. Les efforts prolongés et répétés à la selle ainsi qu’une longue position assise sur le siège des toilettes peuvent provoquer une pression dans les veines et ainsi devenir des facteurs déclenchants ou aggravants des hémorroïdes. Un épisode diarrhéique peut avoir les mêmes effets que la constipation. Contrairement à certaines idées reçues, la constipation n’est pas une conséquence des hémorroïdes, mais bien une cause.
- La grossesse, accouchement, règles. Ces périodes de la vie d’une femme peuvent être à l’origine d’une sensibilité accrue. Dans le cas d’une survenue au cours d’une grossesse, les symptômes disparaissent généralement après l’accouchement.
- La sédentarité, l’obésité et le surpoids.
- La consommation d’alcool et de plats épicés.
- Les sports et activités nécessitant de porter ou soulever des objets lourds.
Comment soigner les hémorroïdes ?
Avant toute chose, il convient d’observer un régime alimentaire équilibré, pas trop gras et riche en fibres, le combo anti-hémorroïdes : traitement naturel qui permettra d’éviter les épisodes de constipation ou de diarrhée. Il existe ensuite différentes façons de traiter les hémorroïdes, selon leur avancement et leur gravité.
- Traitement médical
Il n’y a pas, à proprement parler, de médicaments pour les hémorroïdes. Les traitements médicamenteux ont pour objectif de soulager les symptômes et non soigner les hémorroïdes, car ils n’interviennent pas sur leur évolution. Antalgiques et anti-inflammatoires permettront de calmer la douleur, tandis que les médicaments veinotoniques participeront à améliorer le flux veineux et que les laxatifs régulariseront le transit intestinal. Les suppositoires et crèmes pour hémorroïdes auront pour effet de réduire l’œdème et de calmer localement l’inflammation. On peut aussi appliquer de la pommade pour protéger la paroi du canal anal. - Traitement instrumental
Ce sont des techniques réalisées pendant la consultation qui permettent de supprimer les symptômes et de stopper l’évolution du trouble. Leur principe consiste à créer une cicatrice au niveau de la muqueuse de manière à éviter le prolapsus hémorroïdaire puis à favoriser une destruction superficielle de la muqueuse (fibrose) afin de la fortifier et ainsi diminuer les risques de saignement. La zone cicatricielle est obtenue par brûlure légère de la paroi de la muqueuse impliquant différents types d’agents selon la technique utilisée : agent chimique pour la sclérose, agent électrique pour l’électrocoagulation ou agent thermique pour la photocoagulation. Une autre technique, la ligature élastique, consiste à appliquer une succion au sommet du bourrelet hémorroïdaire. Effectuées sur des régions anales non sensibles, ces techniques sont généralement bien tolérées et font rarement l’objet de complications (saignements et douleurs). On observe la disparition des symptômes chez la plupart des patients (les 2/3) dans la première année qui suit le traitement, même s’il aura parfois été nécessaire de répéter la séance, mais les effets bénéfiques s’estompent avec le temps. - Traitement chirurgical
Les interventions chirurgicales pour soigner les hémorroïdes n’ont pas bonne presse car elles sont réputées douloureuses, mais les avancées tant en termes de technologie que de prise en charge de la douleur permettent aujourd’hui d’obtenir de meilleurs résultats.
- Ligature hémorroïdaire sous contrôle Doppler
L’exérèse n’étant pas l’objet de cette technique, il ne s’agit pas réellement d’une chirurgie, mais elle se déroule malgré tout sous anesthésie générale. Elle consiste à ligaturer les artères hémorroïdaires pour stopper la circulation sanguine à leur niveau. Réalisé en ambulatoire, ce geste n’engendre aucune plaie post-opératoire et convient parfaitement aux hémorroïdes de faible importance. - Hémorroïdopexie (ou technique de Longo)
D’utilisation récente (une dizaine d’années), cette intervention consiste à retirer une zone circulaire de muqueuse dans la partie haute des paquets hémorroïdaires afin de corriger le prolapsus. Les avantages de cette technique sont des douleurs moindres grâce à une plaie à l’intérieur du rectum, moins sensible, et une immobilisation réduite à une quinzaine de jours. Elle ne peut en revanche pas s’adapter à tous les cas, les hémorroïdes devant être mobiles, et connaît à ce jour un risque de récidive relativement important. - Hémorroïdectomie (ou technique de Milligan et Morgan)
C’est la plus ancienne et la plus classique des interventions. Il s’agit de ligaturer et de couper les paquets hémorroïdaires jusqu’à la partie haute de la marge anale. L’hospitalisation courte nécessite un arrêt d’environ 1 mois et provoque des suites post-opératoires souvent douloureuses lors de la selle et demandent de soins appropriés à base d’antalgiques, de laxatifs et de bains de siège avant une cicatrisation définition en 4 à 6 semaines.
- Ligature hémorroïdaire sous contrôle Doppler
Hémorroïdes, que faire ?
Aïe, douloureuses hémorroïdes... Traitement naturel s’il en est, il est donc important de veiller à une alimentation évitant diarrhées et constipation, à éviter les stations assises prolongées aux toilettes et à ne pas trop irriter la muqueuse anale lorsque l’on va à la selle. Si, malgré ces soins, les hémorroïdes se manifestent, il est alors possible d’appliquer des crèmes ou pommades anti-hémorroïdes. Des traitements homéopathiques à base d’hamamélis notamment sont également possibles.
Quoi qu’il en soit, si la gêne ne passe pas en quelques jours, il est nécessaire d’en parler à son médecin traitant qui pourra alors juger de la gravité de l’atteinte et s’assurer que les symptômes sont effectivement à relier à une crise hémorroïdaire.