La rétention d'eau au cours de la grossesse

Rétention d’eau et grossesse riment quasiment autant que chaleur et soleil. En effet, plus de la moitié des femmes enceintes font ou feront de la rétention d’eau pendant leur grossesse, surtout au cours du troisième trimestre. Phénomène souvent bénin mais quelque peu indisposant, la rétention d’eau est caractérisée par un enflement de certaines parties du corps. Vous êtes enceinte et constatez des signes de rétention d’eau ? Pas de panique, ce n’est pas grave et cela peut se soulager, voire s’éviter.

La rétention d’eau en général

La rétention d’eau est ce gonflement caractéristique de certaines parties du corps dont se plaignent souvent les femmes enceintes. Généralement sans conséquences sur la santé, si ce n’est une sensation d’inconfort, la rétention d’eau peut aussi se manifester dans d’autres périodes de la vie que la grossesse.

Qu’est-ce que la rétention d’eau ?

La rétention d’eau, ou œdème pour le terme médical, est le résultat d’une accumulation excessive d’eau dans tout ou partie de l’organisme. L’eau représente 65 % de notre poids, et c’est via les reins que l’organisme fait en sorte de maintenir continuellement un état d’équilibre entre l’eau absorbée (boissons et aliments) et l’eau éliminée (transpiration, urine, selles). Mais il arrive que nous emmagasinions plus d’eau que nous en rejetons, provoquant une dilatation des vaisseaux sanguins qui favorise le transfert de l’eau contenue dans les vaisseaux vers les tissus. C’est ainsi que se forment les œdèmes. Du fait de la gravité, les membres inférieurs sont plus fréquemment touchés, d’où l’apparition des œdèmes aux pieds, aux jambes ou à la cheville. C’est aussi la raison pour laquelle les pieds sont plus gonflés en fin qu’en début de journée.

Les causes de la rétention d’eau

La rétention d’eau, majoritairement observée chez les femmes, est souvent la conséquence d’une mauvaise circulation lymphatique (circuit intermédiaire entre le sang et les tissus), des variations hormonales ou de la dilatation des vaisseaux. Mais plusieurs facteurs peuvent favoriser ou accentuer le phénomène de rétention d’eau :

• Les stations debout ou assise prolongées
• La chaleur et les fortes augmentations de température, l’humidité
• Les fluctuations hormonales : période périmenstruelle, grossesse, ménopause
• Une alimentation trop riche en sel ou carencée, en particulier en protéines
• L’âge
• L’obésité
• Certains médicaments, comme les corticostéroïdes, les hormones ou les inhibiteurs calciques (luttent contre l’hypertension)
• Un dysfonctionnement du système lymphatique
• Les maladies inflammatoires, dont notamment la thrombophlébite (inflammation d’une veine avec formation d’un caillot)
• L’insuffisance veineuse et les varices, l’insuffisance rénale et l’insuffisance cardiaque
• Les affections du foie
• Une forte hypothyroïdie

Quels sont les symptômes de la rétention d’eau pendant la grossesse ?

Lorsqu’il y a rétention d’eau, on constate en premier lieu un gonflement visible. Celui-ci apparaît souvent au niveau des jambes, des chevilles et des pieds, mais il peut aussi se manifester au niveau du ventre ou du visage. Vous avez la nette sensation d’un gonflement inconfortable sur la partie concernée.

Rétention d’eau et grossesse : pourquoi ?

La rétention d’eau est un phénomène courant pendant la grossesse : 50 à 80% des femmes en souffrent, même si elles sont par ailleurs en bonne santé.

Si les femmes enceintes sont plus prédisposées à ce phénomène de rétention d’eau, c’est parce qu’elles subissent un véritable raz-de-marée hormonal, qu’elles présentent quelque 4 litres d’eau corporelle supplémentaires et que leur circulation sanguine est moins fluide. Celle-ci devient en effet plus paresseuse au cours de la grossesse, du fait de la pression de l’utérus sur le pelvis, l’abdomen et les vaisseaux sanguins, et notamment la veine cave inférieure qui permet le retour du sang vers le cœur. Or le flux sanguin augmente pendant la grossesse. Le retour veineux étant perturbé, du sang finit par stagner et faire à son tour pression sur les capillaires sanguins. Du liquide séreux s’accumule et s’infiltre dans les tissus des membres inférieurs et provoque le gonflement typique de la rétention d’eau : jambes, chevilles et pieds sont souvent les plus atteints.

La mauvaise circulation sanguine est propice au phénomène de rétention d’eau. Plusieurs facteurs interviennent simultanément :

• Le volume sanguin, qui augmente fortement pendant la grossesse afin de favoriser l’alimentation et l’oxygénation du fœtus. Le débit cardiaque va s’adapter à cette augmentation en s’accélérant, mais la partie inférieure du corps va voir sa résistance périphérique (force exercée par le système vasculaire à l’écoulement du sang) diminuer pour compenser. Le sang aura alors tendance à stagner.
  
  
• L’augmentation des hormones, et notamment la progestérone. Responsable de l’élasticité et du relâchement des tissus et de la paroi des vaisseaux sanguins, la progestérone peut agir en favorisant la dilatation des veines. Le retour veineux s’en voit donc perturbé.
  
  
• La compression exercée par l’utérus. En se développant, le fœtus va amener l’utérus à faire de plus en plus pression sur la veine cave inférieure. Le sang des jambes remontera moins facilement vers le cœur, ce qui provoquera la stagnation de sang et l’infiltration d’eau dans les tissus des membres inférieurs.

Rétention d’eau pendant la grossesse : que faire ?

Si le terrain métabolique est favorable, il est difficile de prévenir la rétention d’eau pendant la grossesse puisqu’elle est une conséquence de l’adaptation du corps aux transformations qu’il subit. Les quelques conseils pratiques suivants vous aideront néanmoins à atténuer les œdèmes dus à la rétention d’eau :

• Surélevez les jambes, notamment le soir en vous couchant pour favoriser la circulation sanguine. N’hésitez pas à le faire en journée, dès que cela est possible. Faites en sorte que vos jambes soient au-dessus du niveau de vos hanches, en les plaçant sur une chaise ou des coussins, par exemple, et répétez régulièrement l’opération plusieurs fois dans la journée si possible (pendant au moins 5 minutes).
  
  
• Buvez suffisamment d’eau, mais sans excès. Il est généralement recommandé de boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour, et pas plus si vous ne pratiquez pas d’activité sportive.
  
  
• Ayez une alimentation saine et équilibrée, limitée en sel et suffisamment protéinée. Vérifiez bien les étiquettes des aliments que vous achetez, et limitez ceux du type charcuterie. Le sel favorise la rétention d’eau, il est donc à consommer modérément.
• Pratiquez une activité physique régulière et pas trop intense pour ne pas mettre votre grossesse en danger. Privilégiez la marche, la natation, le vélo ou la gymnastique douce.
  
  
• Ne vous exposez pas aux sources de chaleur comme les radiateurs ou le chauffage au sol, et bannissez pour un temps sauna et hammam. L’été, préférez les zones d’ombres et évitez de rester trop longtemps au soleil.
  
  
• Massez ou faites masser vos jambes, pieds et chevilles du bas vers le haut pour favoriser le retour veineux.
  
  
• Éviter la consommation excessive de boissons diurétiques comme le café et le thé.
  
  
• Favorisez les fruits et légumes riches en potassium afin de favoriser l’équilibre sodium/potassium.
  
  
• Consultez votre médecin ou gynécologue dès que vous constatez un gonflement anormal ou apparu trop rapidement.
  
  
• Enfilez des bas de contention si vous devez faire un long voyage ou rester debout pendant une période prolongée. Vous pouvez, quotidiennement, mettre des bas de maintien avant de vous lever pour éviter l’accumulation de sang dans les chevilles.
  
  
• Étirez régulièrement vos jambes lorsque vous restez longtemps assise.
  
  
• Soyez patiente ! Les gonflements devraient s’atténuer spontanément après l’accouchement...